- Le cerf-volant –
Pour la journée du 2 avril, France Inter a lancé cette phrase en l’air. J’ai le choix. Elle se balance au gré du vent et je la regarde passer : Ou bien je la cueille et j’en parle. Allez, du courage :
Qu’est-ce que le bonheur ?
Les plus adroits, je les vois déjà, font les malins. Le bonheur ? un cerf-volant ! il suffit de tirer adroitement les fils en redressant la tête. Tant pis pour vous si le jouet disparaît si loin que vous ne le rattraperez plus. Mais est-ce aussi simple ? tant mieux si certains se débrouillent comme des as avec la marionnette du bonheur, d’autres ont moins de chance. Collectionnent les misères, les poisses bien collantes, les égratignures. Certains saignent de partout. Pour ceux-là, le guignol grimaçant n’est pas drôle du tout et ne fait parfois même pas partie de leurs souvenirs d’enfant.
Et il est là, le hic. Notre bonheur est imaginaire. Il flotte, quelque part, entre nos rêves et nos illusions. Il respire mal, englué dans nos soucis quotidiens. Nous serions docteur ! architecte !chanteur !homme d’affaire !écrivain ! et à la tête d’ une jolie maison, qui accueillerait amours, amis, famille et marmots. Et l’argent ? bien qu’en aucun cas il ne puisse faire le bonheur, il ne poserait jamais problème ! Soit. Dans la réalité, notre représentation du bonheur montre des contours nettement plus flous, un peu dysharmonieux par endroits. Mais sa forme singulière nous est si familière, que nous l’aimons ainsi.
A la maternelle, la maîtresse disposait dans un bac une kyrielle de formes en plastique multicolores qui s’emboîtaient et se défaisaient à notre guise, une merveille pour exercer notre créativité. Cette vision du bonheur empilable et constructible me trotte dans la tête. Les hédonistes profitent de l’instant et élargissent au maximum leur palette de plaisirs. Les sages convoitent peu pour éviter les déceptions, et resserrant leur espace autour d’eux, par protection.
Quand par chance la vie est bonne , elle met à notre portée les cubes de couleur pour créer des constructions. Est-il envisageable que le bonheur soit aussi fait de cela, de notre aisance ou non à manier nos jeux, nos outils ? et du plaisir que nous ressentons, ou non, à le faire ?
Et pourquoi pas ! Sur la plage un enfant fait un château. Il est magnifique et solide., il est fier et ému. Pourtant, un peu plus tard il sera invariablement écrasé par un pied ou recouvert par l’eau. Pourtant, ces moments là valent le coup. Ils forment ces couches de sable, assemblées avec plus ou moins d’adresse, qui fixent des moments où de tout notre cœur, nous étions bien, inscrits là, dans le temps.
Le bout de chou qui fait des démoulages avec seau et pelle pendant des heures est heureux. Le papa qui ne réussit pas franchement à faire voler son cerf-volant, aussi, finalement, le ciel est grand et son son fils rit. Je vous laisse à vos propres images…
Je pense souvent à l’enfance, qui retranscrit tout en couleurs franches, bigarrées. Une collègue m’a écrit ces mots, un jour, que je vous livre. Son petit garçon, interrogé sur le temps, a répondu : « il fait beau ! il pleut ! »
N’est-ce pas cela, le bonheur ? tâcher de rester en couleur ?
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